3 novembre 2020

Apprendre, comprendre les conséquences de la colonisation belge par le prisme des enfants noir.es, blancs.es et métis.es, l'ayant vécu

Le temps d'un film et des échanges avec des témoins clés pour un débat décomplexé
Cec

 

 

Pour la deuxième année consécutive, CEC a participé à la quinzaine de la solidarité internationale organisée du 1 au 15 octobre 2020 par la Ville de Bruxelles. Placée cette année sous le thème du partage, CEC a proposé deux projections - débats au Cinéma Palace, le 01 et le 07 octobre. A l'affiche, deux films qui placent les enfants au coeur de la colonisation belge. Les débats après les projections ont permis d'intérroger l'école comme outil de propagande coloniale et de pérénissation de son système de domination. Grâce à l'intervention des témoins invités, le public a été sensibilisé sur les conséquences psychologiques de cette colonisation vis à vis des enfants l'ayant vécu, qu'ils soient noir.es, blancs.es et métis.es 

Diffusé le 01/10/2020, le film "Bulaya, qu'as-tu fait de mon enfant" de la réalisatrice burundaise Lydia Ngaruko revient sur le drame des enfants métis du Burundi et du Rwanda, connus sous le nom des enfants de l'école de Save(pensionnat réservé par l'administration coloniale aux enfants métis) arraché.es à leurs mères et armené.es en Belgique, donné.es en adoption ou placé.es en orphelinat. 

Le film a été complèté par le témoignage bouleversant d'Evariste Nikkolakis, victime de ce drame, qui était accompagné de plusieurs autres métis.es ayant connu la même tragédie. Assoumani Budagwa, auteur du livre "Noirs-Blancs, Métis"a partagé avec le public  des repères et des faits historiques permettant de mieux comprendre les enjeux qui freinent encore aujourd'hui la mise en application des résolutions proposées et votées en 2017 par le parlement fédéral. Lesquelles proposent différentes actions à entreprendre par le gouvernement belge afin d'apaiser les douleurs infligées à ces métis qui, plus de 50 ans après, vivent toujours dans une grande souffrance.

Le 07/10/2020, c'est  "Nous n'étions pas amis" de la réalisatrice belge Marie Anne Thunissen qui est projeté. A travers ce film autobiographique, sa réalisatrice décide d'aller à la recherche des enfants congolais avec qui elle allait à l'école de la sucrerie dirigée par son père pendant le Congo des années 60.  Par cette démarche, elle cherche à confronter ses souvenirs qui lui persuadent qu'elle ne partageait rien avec les enfants des congolais qui fréquentaient son école parce que leurs parents travaillaient dans la sucrerie. Son retour au Congo va lui ouvrir la porte sur une autre réalité, celle des difficultés économiques extrêmes auxquelles est confrontée la population. Ainsi, 40 ans après, elle ne partage toujours rien avec eux. Ces derniers étant  surtout préoccupés par leur survie et celle de leurs familles. 

Le débat après le film fut riche grâce aux partages personnels et professionnels du professeur Elikia M'bokolo, historien congolais et de François Rykmans, journaliste spécialiste de la région des Grands Lacs. Tous les deux ont raconté au public leur enfance et leur scolarisation au Congo. A travers cet échange, ils sont revenus sur la ségrétation raciale qui caractérisait l'école ainsi que le lien entre cette dernière et la question de l'entreprise coloniale. 

Cette activité a été organisée en collaboration avec le Collectif "Mémoire coloniale et lutte contre les discriminations" ainsi les "Grignoux" une plate forme qui sensibilise au vivre ensemble par le biais du cinéma

 

 

 

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